Vivre une grossesse monochoriale monoamniotique - Interview Mathilde

Présentez vous en quelques mots

J’ai 44 ans, je suis mariée et la maman de Alix et Victoire, mes jumelles de 4 ans, nées suite à une grossesse mono mono en 2021. Je suis consultante en communication après avoir passé 20 ans en entreprise.

Et depuis janvier 2025, je suis la présidente de l’AFGM, Association Française des Grossesses Monochoriales*, association que j’ai créé avec 4 autres femmes incroyables qui ont vécu comme moi des parcours de grossesses monochoriales à haut risque.

 

*Une grossesse monochoriale, c'est une grossesse gémellaire où les deux foetus partagent le même placenta.

Pour en savoir plus, nous y avons dédié un article "AFGM : L’Association Française des Grossesses Monochoriales"

Quel a été votre parcours vers la parentalité ?

Long et complexe… j’ai été diagnostiquée d’une endométriose de stade 4 en 2009, opérée en 2010.

J’ai démarré un parcours de PMA en 2011, puis j’ai divorcé. Je me suis remise en couple, j’ai été réopérée en 2017 d’atteintes digestives cette fois-ci, et nous avons tout de suite remis en route la PMA.

Après d’interminables traitements et quelques fausses couches, je suis finalement tombée enceinte en 2020 après 4 FIV et grâce à mon tout dernier embryon. Le bon ! Car j’ai découvert rapidement que je n’attendais pas 1 mais 2 bébés ! Sacrée nouvelle, surtout quand on m’a expliqué les spécificités de cette grossesse monochoriale monoamiotique, à très haut risque, et le faible taux de chance que nous avions de tenir nos bébés un jour dans les bras.

J’ai été prise en charge à Necker assez rapidement, et nous avons tenu bon pour un accouchement par césarienne programmée à 33 SA + 6 jours à Colombes (Louis Mourier). S’en sont suivies de longues semaines en néonatologie pour nos guerrières, avant leur arrivée chez nous à la date qui aurait dû être leur terme.

Je mesure chaque jour la chance incroyable que nous avons eu, cependant c’est un parcours de grossesse que je ne souhaite à personne, tant l’angoisse et la mort sont deux données omniprésentes chaque jour.

Malgré une incroyable prise en charge et un suivi très rapproché, je me suis sentie souvent très seule et incomprise, si inquiète. Suite à leur naissance, j’étais épuisée. J’ai tenu grâce à mon conjoint, ma famille, les aides à domicile et mon travail. Mais nous avons déménagé de région quand elles n’avaient que 10 mois, et je me suis retrouvée de nouveau très seule. Quelques temps après je me suis pris une énorme claque : grosse dépression du post partum « tardive ».

J’ai eu besoin de temps pour me remettre physiquement et psychologiquement de mon parcours, et aussi pour accepter que mes filles étaient bien là, en vie, et en pleine santé près de moi.

Le conseil qui vous a été le plus utile ?

Accepter toute l’aide qu’on me proposerait quand les jumelles seraient nées. Et ne pas hésiter à faire appel à des aides à domicile telles que les TISF, aide-ménagère, nounou de nuit. C’est ce que nous avons fait, surtout que mon conjoint n’a pas eu d’autre choix que de reprendre son travail tout de suite après les jours de naissance (vive les conventions collectives !).

Je me sentais surmenée seule tous les jours, incapable, et cela m’a grandement aidé. Sans compter sur le soutien de mes parents et mes proches au cours des premiers mois où nous vivions près d’eux.

Votre jolie anecdocte avec le corps médical ?

J’ai rencontré le Dr Colmant à Necker à 3 mois de grossesse. A l’époque on portait des masques tout le temps pour la Covid. Mais je l’entendais arriver dans le couloir avant de la voir car ses bottes claquaient sur le sol, on sentait sa détermination. Et quand elle entrait dans la pièce d’examen, je la voyais comme Wonder Woman avec sa cape ! Si un interne semblait perdu devant l’écho et luttait à distinguer nos deux filles, elle non. Elle savait exactement quoi regarder, quoi dire, comment placer la sonde.

Je lui ai accordé une confiance aveugle. Et même si elle n’a pas pu m’accoucher car j’ai dû être prise en charge dans un autre hôpital, elle a fait partie de cette équipe incroyable qui nous a aidé à avoir nos filles, ce qui restera gravé dans mon cœur.

Quand Necker m’a contacté pour faire partie d’un programme d’ETP sur le sujet des grossesses monochoriales avec elle, cela été très fort en émotions pour moi. Depuis, nous travaillons main dans la main, et elle fait partie du comité scientifique de notre association. Je ne pouvais pas espérer plus belle histoire de vie et de rencontre, et plus belle continuité.

Ce que vous auriez aimé savoir et qu'on ne vous avait pas dit ?

Pas mal de choses ! Mais mon gros sujet reste celui de la prise en charge post césarienne.

 

On n’explique pas assez aux femmes comment se remettre d’une telle intervention. Il existe des sous-vêtements dédiés, des prises en charge par LPG ou Indiba pour les cicatrices, des soins spécifiques pour remettre son corps sur pieds en douceur (encore plus après une grossesse multiple). On m’a simplement dit que dans mon cas, je n’avais pas besoin de rééducation du périnée … j’ai dû insister et j’ai bien fait. Il faut savoir s’écouter, et nous ne sommes pas toutes obligées de bien vivre avec nos cicatrices et notre ventre mou après un accouchement. 

Votre produit fétiche, pour vous ou bébé ?

Pour moi cela a été l’huile sensorielle anti-vergetures de chez Daylily : un moment pour moi pendant, pour me réapproprier mon corps ensuite, et quelques minutes d’évasion bien utiles en plein boucan intérieur.

Pour les jumelles, les maxi langes ! Indispensables pour les premiers mois, pour les emmailloter et les rassurer, et laisser toujours un peu de notre odeur près d’elles.