Comprendre les pleurs de bébé

Les pleurs de bébé sont ce qui angoisse et préoccupe le plus les parents. C’est bien normal et légitime. Ces pleurs nous transpercent, nous arrachent le cœur et nous nous sentons impuissants.

Découvrez les précieuses explications et les conseils de Céline Vignat, infirmière puéricultrice : elle nous aide à nous mettre à la place de notre bébé pour mieux comprendre ses pleurs et savoir l'apaiser.

Pourquoi le nourrisson pleure-t-il ? 

Commençons au commencement.

Resituons-nous dans le contexte : bébé a passé 9 mois dans le ventre de maman, avec une température constante à 37° environ, dans un milieu aquatique où la sensation de pesanteur est toute particulière, où les bruits et la lumière sont fortement atténués, étouffés. De plus,  étant alimenté en continu, il ne connaît pas la sensation de faim ou de soif. De même, son système digestif fonctionne au strict minimum, autant dire quasiment pas du tout. Il est ballotté, porté et bercé presque toute la journée.

Fermez les yeux … imaginez vous à sa place … Vous l’avez été d’ailleurs, mais il y a longtemps et vous n’en avez aucun souvenir !

Puis c’est la révolution, le bouleversement total, comme jamais il n’en vivra d’autre dans sa  vie : l’accouchement.

Tout est chamboulé, il n’a plus aucun repère, tout ce qu’il a toujours connu n’est plus.

Il doit respirer de l’air, la température extérieure est non seulement bien plus basse mais change tout le temps, les bruits et la lumière s’amplifient considérablement et deviennent agressifs, il éprouve une sensation nouvelle mais désagréable de faim et de soif, son système digestif s’est mis en route pour la toute première fois, il doit porter des vêtements, et ça ne bouge plus …

Son seul repère : vous, ses parents. Il reconnaît votre odeur, votre voix, votre visage.

C’est comme si je vous envoyais en pleine Sibérie, sans rien, vous ne parlez pas la langue, vous ne savez pas où vous êtes, vous ne savez pas comment vous nourrir, et vous êtes tout seul …

Vous ne pleurez pas vous avec tout ça ?

Le petit d’homme est le seul animal  qui reste aussi  longtemps démuni et vulnérable.

Pleurer est le seul mode de communication du nouveau-né 

Pleurer est la seule façon à sa disposition pour exprimer son désarroi, son incompréhension quant à cette rupture totale avec son monde d’avant. Ainsi, quand il a chaud,  froid, faim, soif, que tout est immobile, qu’il est épuisé, qu’il s’ennui tout seul, qu’il a de nouvelles sensations désagréables voire inconfortables au niveau de l’estomac, des intestins, de son anus… et bien oui il pleure.

Précision importante : il y a pleurs ET pleurs.

Je m’explique. Entre les petits geignements et les hurlements, il y a toute une nuance de pleurs. De plus, notre seuil individuel d’interprétation voire de  tolérance à ces pleurs varie d’une personne à l’autre.

Faut-il laisser pleurer bébé ? 

Dans tous les cas : on ne laisse pas bébé pleurer ! Ecoutez votre petite voix intérieure qui vous dit de le prendre dans vos bras. Et n’écoutez pas les « il fait ses poumons » ou les « il va devenir capricieux » qui proviennent de la famille, des amis, des réseaux sociaux… Encore heureux que ses poumons sont matures, sinon il serait en service de réanimation. Et non, un bébé dans sa première année de vie ne fait pas de caprice, son cerveau n’est pas assez mature pour cela.

Conséquence de cette rupture totale d’avec son monde d’avant et sa lente adaptation à son nouvel univers : l’anarchie des 100 premiers jours.

Pendant ses 3 premiers mois, bébé n’a aucun rythme, chaque journée est différente de la précédente, chaque nuit aussi. Les phases d’éveil, de sommeil, d’alimentation, de digestion, se succèdent sans possibilité pour les parents d’y comprendre quelque chose et de s’y retrouver. Il faut juste le savoir et déculpabiliser.

Ces phases sont ponctuées de pleurs, et c’est normal. Dès ses 2-3 semaines de vie, vous observerez une période plus compliquée en fin de journée, ce qu’on appelle les pleurs du soir. Rassurez vous cela dure quelques semaines, ça finit par passer.

ATTENTION : comme je le disais il y a pleurs ET pleurs. 

Que faire quand un nouveau-né pleure beaucoup ? 

NE RESTEZ PAS SEULS AVEC UN BEBE QUI PLEURE DE FACON INTENSIVE, PROLONGEE ET QUI EST DIFFICILEMENT CONSOLABLE.

Consultez votre médecin qui pourra vous rassurer sur son état clinique, puis demandez de l’aide à des professionnelles compétentes, comme les infirmières puéricultrices.

Parce que oui un bébé ça pleure, mais ce n’est pas une raison pour ne pas chercher à les atténuer ! Car oui des solutions existent ! Trop de bébés sont encore victimes du syndrome du bébé secoué : bébé est pris par le tronc ou sous les bras et secoué d’avant en arrière. Les conséquences peuvent être dramatiques pour bébé.

Donc si les parents sont épuisés et qu’ils sentent qu’ils sont à bout, il vaut mieux poser le bébé dans son lit en sécurité, boire un verre d’eau et reprendre ses esprits avant de s’occuper à nouveau de lui, vous pouvez aussi appeler quelqu’un pour discuter, et demander de l’aide.

Trop souvent les parents ont honte et n’osent pas demander un soutien, un accompagnement.

Je le répète encore et encore :

- un bébé ne naît pas avec un mode d’emploi

- les parents parfaits n’existent pas et les bébés parfaits non plus

- on fait comme on peut.

Qu'est-ce qui fait pleurer un bébé ?

Un mot sur les fameuses « coliques ». Les pleurs peuvent être dus à une immaturité digestive, à des coliques, mais attention à ne pas mettre tous les pleurs sur le compte de ces douleurs, cela peut venir d’ailleurs.

Globalement, un nourrisson ne pleure pas sans raison, il pleure car: 

- il a faim/soif

- ou il a la couche sale

- ou il a mal au ventre (immaturité digestive, colique etc)

- ou il a peur

- ou il est fatigué

Tous les besoins physiques et psychiques de bébé sont intriqués, on ne peut pas évoquer les pleurs sans parler du sommeil, de l’allaitement maternel, des biberons, de la digestion, de l’état psychologique de maman et papa.

En effet, ce dernier est un facteur prédominant à prendre en compte. Un baby-blues qui dure trop, qui se transforme en dépression post-natale influe forcément sur les pleurs de bébé. Maman et bébé sont connectés, si l’un va mal, l’autre ira mal aussi. Dans les cas des pleurs intensifs, c’est la dyade qu’il faut écouter et aider.

Je vous rassure : passés ces trois premiers mois, les pleurs se calment, un début de rythme se met en place, vous parvenez à mieux interpréter ses pleurs.

Si ce n’est pas le cas, demandez de l’aide aux professionnels de santé et de petite enfance autour de vous.

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